Page:Leroux - Mister Flow.djvu/204

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qu’au coude, et je me lave les mains. Tranquillement, je les essuie. La sonnerie du téléphone retentit. Je vais à l’appareil…

— La malle en moleskine ? Oui, c’est cela… et la valise rouge ! Hein ? quoi ? Il y a deux valises rouges ? Attendez ! Je descends !…

Et, ma serviette éponge dans la main, je passe devant l’agent qui n’a pas un geste pour me retenir. À sa figure, j’avais déjà vu qu’il redoutait d’avoir gaffé. Je dégringole quatre à quatre. Je passe comme une trombe à travers le vestibule. Une bicyclette est là, accrochée au coin du trottoir. Je saute dessus, et je pédale, je pédale…

Mais je n’ai pas passé la place que j’entends des cris : « Arrêtez-le ! Arrêtez-le ! » et « Au voleur ! Au voleur ! » Derrière moi, un galop de gens qui hurlent… De tous les coins de la place, d’autres accourent… et des bicyclistes sont déjà à mes trousses. Au coin de la rue de Paris, je fais un brusque crochet et j’enfile le quai qui longe le bassin du Commerce. Après le pont, j’entrerai dans les petites rues à droite… je lâcherai ma bicyclette et je me perdrai dans ce dédale, dans ce nid de tavernes louches…

Pas mal imaginé. Malheureusement, je suis brusquement arrêté par un pont qui vient de s’ouvrir et me voilà en l’air sur ces dalles. C’est tout juste si j’ai le temps de freiner. Derrière accourt la meute des poursuivants avec des clameurs parmi lesquelles je distingue parfaitement : Mister Flow !… C’est Mister Flow !…

Cette population qui m’adore veut sans doute