Page:Leroux - Mister Flow.djvu/214

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êtes sûre que c’est lui ! Ça n’est pas une blague que Madame me fait ?…

À ce moment, les nerfs détendus, épuisé, vaincu par le gros effort physique et moral que je venais de fournir, je chancelai. Elles durent me soutenir…

— Mais il ne peut pas rester trempé comme ça !…

Ce furent elles qui me changèrent, me frictionnèrent :

— Regardez donc, madame, il a la peau blanche comme un poulet !

— Du poulet ! implorai-je.

— Mon Dieu ! il meurt de faim ! gémit Georgette.

Alors, elles me firent manger… Elles me gavaient comme un enfant, et elles me forçaient à absorber de grands verres de champagne…

J’avais une chemise de nuit de Trompette, et elles m’avaient passé un pantalon de toile de M. Sam. J’allais maintenant tout à fait mieux, et nous nous mîmes à rire en sourdine tous les trois…

— On voit bien que c’est un homme du monde, observa Trompette. Regardez ce qu’il est soigné… ses mains… ses pieds… comme une petite maîtresse… et ça fait ce métier-là, c’est drôle ! Quand je pense qu’ils auraient pu le tuer !

Elles avaient les yeux humides…

— Écoute ! fit Georgette. Nous n’avons pas le choix. Il couchera dans ta cabine. Mais vous serez convenables, tous les deux !…

— Oh ! Madame !…

— Tu sais ce que j’ai dit à ta mère !