Page:Leroux - Mister Flow.djvu/236

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fait ses commissions. Nous étions quittes. Je plaiderais pour lui et tout serait dit. Qu’il allât se faire pendre ailleurs : « J’en avais ma claque ! »

D’autre part, je ne doutai point qu’il ne fût renseigné sur mes faits et gestes. Il avait bien dû s’amuser en apprenant que le charme d’Helena avait suffisamment agi pour faire de moi le complice de leurs entreprises. Helena avait dû, dans sa mystérieuse correspondance, se moquer outrageusement de moi, de mon amour éperdu et de mon incroyable naïveté. Quel triomphe pour elle de m’avoir glissé dans la peau de Mister Flow comme il m’avait glissé, lui, dans celle de Mr. Prim ! Ah ! ils étaient dignes l’un de l’autre, les bandits !…

Quoi qu’il en fût j’étais bien résolu, par mon attitude, à ne point lui faire douter de mon rôle de victime, de bon petit garçon qu’une jolie femme peut conduire par le bout du nez.

Dès qu’il me vit, je compris qu’il était satisfait de moi. Il me serra les deux mains tout à fait fraternellement et avec une sorte d’affection protectrice :

— Tous mes compliments, mon cher maître, me dit-il. Fichtre ! vous y allez bien ! je ne vous en demandais pas tant.

— On ne peut rien refuser à lady Skarlett. répliquai-je, en prenant une mine volontairement confuse.

— À ce propos, je devrais vous gronder ! Vous avez bien failli la compromettre. C’eût été une faute irréparable et je vous aurais difficilement pardonné. Elle vous a tout dit et je sais qu’elle ne vous a point