Page:Leroux - Mister Flow.djvu/238

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Tout ! Durin, je suis un honnête homme, moi !

— Diable ! pensez un peu à ce qui serait arrivé si vous ne l’étiez pas. Enfin, je ne vous en veux pas de lâcher la carrière. Chacun va où l’appelle son destin. Nous vous oublierons.

— Nous oublierons tout, appuyai-je. Nous y avons intérêt l’un et l’autre !

Nous nous regardions dans les yeux. Puis sa bouche se détendit et, avec un sourire un peu amer : « J’ai vu venir, ici, la première fois, un enfant, je vois maintenant devant moi un homme. Vous me remercierez, un jour, du fond du cœur, ingrat !… »

Sur ce, nous nous quittâmes. Nous ne nous revîmes que la veille du procès, cinq minutes.

Je n’avais toujours pas de nouvelles d’Helena et je ne lui en demandai point.

Vint le 10 octobre. Le Palais était une vraie ruche. Le bourdonnement des robins emplissait salles et couloirs. Le tambour des portes poussées par les robes noires affairées ne cessait de retentir à gros coups sourds, battant le rappel des causes. Cependant, à la 10e chambre correctionnelle, c’était à peu près le désert. On expédiait les flagrants délits. Quand on appela l’affaire Durin, il n’y avait pas vingt personnes dans la salle. Durin fut introduit. Il baissait la tête, écrasé de honte.

Le président feuilleta le dossier et annonça à ses assesseurs qu’il y avait désistement du demandeur. Le substitut, cependant, maintenait les poursuites, car le délit était évident. Je soulevai ma toque :

— Mon client a tout avoué, fis-je. Il regrette