Page:Leroux - Mister Flow.djvu/24

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Magasin de coiffeur à la mode. Victor est très demandé. Je dois attendre. Enfin, voici mon tour. Je lui glisse mon papier. Il le lit :

— Entendu, dit-il, et il me passe un peignoir.

— Nous allons faire tomber tout ça !

— Hein ?… Tout ça, c’est ma barbe.

— Je vous assure que ça ne se porte plus !

Je veux faire quelques objections ; il ricane et me souffle dans le cou :

— Ordre du patron !

Je laisse faire, anéanti. Il paraît que M. Victor et moi nous avons maintenant le même patron. Je me relève avec une figure neuve. Victor m’a laissé, sous le nez, une petite brosse à la Charlot. Mes confrères ne me reconnaîtraient plus. Et je ne m’en réjouis pas. J’ai l’air de m’être déguisé pour faire un coup ! Est-ce que ce n’est pas ainsi que la chose se présente ? Si ça tourne mal, s’il y a un accroc, je ne puis auprès du Conseil plaider l’inconscience. Ayant consenti à ce masque, je me laisse engager dans la bande. Quelle bande ? Ah çà ! est-ce que je n’ai pas le droit, comme tout le monde, de me faire raser ?

J’ai vidé mes poches et donné les quarante sous de pourboire. Victor sort son portefeuille et me donne ostensiblement les deux mille francs.

— Je crois que ça fait le compte. Ne m’envoyez pas trop tard les ordres pour Deauville. J’irai au Grand Prix. Vous me trouverez à ma place habituelle.

Il me reconduit jusqu’à la porte.

— Allez vous nipper !