disent rien pour le moment, mais qui pourraient peut-être bien nous servir un jour. Il se peut, toutefois, que ce mouchoir ait été perdu par quelque autre personne tout à fait étrangère à l’affaire… Enfin, tel quel, le voilà !
Et l’inspecteur sortit de sa poche un mouchoir que je considérai avec un effroi encore inégalé…
— Quelles sont les initiales ? demanda le président.
— A. R. entrelacés, monsieur le Président !…
— A. R., en effet, cela ne semble correspondre à rien…
C’est alors que cette brute de Durin se souleva et prononça, au milieu d’une explosion de rires et pendant que je faisais un effort surhumain pour ne pas m’effondrer.
— A. R., MAIS CE SONT LES INITIALES DE MON AVOCAT, monsieur le Président ! Cet homme-là (il désignait le témoin) ne va tout de même pas prétendre que c’est mon avocat qui a fait le coup !
La salle était dans une joie oui tenait de l’hystérie. Moi, je devais faire une jolie grimace, car ces dames riaient aussi en me regardant. Le cynisme de Durin me glaçait les moelles. C’était vraiment pousser un peu loin l’audace dans ce jeu terrible où il roulait, comme dans la farine, police, magistrat et jusqu’à son défenseur ! Je n’avais vraiment pas de chance ! Je n’étais venu à Deauville qu’avec un mouchoir. J’avais ensuite acheté du linge à Rouen aux initiales de J. A. L. Prim. mais il fallait que le seul mouchoir de Me Antonin Rose fût justement