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Page:Leroux - Mister Flow.djvu/280

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toujours plus haut, toujours plut haut, avec une sûreté de chevrier.

Ainsi arrivâmes-nous à une étroite plate-forme d’où nous dominions tout le pays. Alors, là, elle m’étreignit et me dit, ses yeux sur les miens, ses pauvres grands yeux hagards sur les miens : « Jure !… jure que nous fuirons ensemble !… quoi qu’il arrive ! Quoi qu’il arrive !… Oh swear it ! You must swear it !… » Je jurai. Alors, desserrant son étreinte, elle me dit : « Tu as bien fait de jurer, Rudy ! sans quoi nous appartenions tous les deux au « gilymore » !

— Au gilymore ?…

— Oui, au gilymore, le plus grand page, porteur de l’épée, l’écuyer de Jacques, le petit-fils de Rob-Roy. Le gilymore faisait la cour à sa femme. Il les a jetés tous les deux au « saut des Black Rooks ! » Voilà pourquoi je te dis que le gilymore nous attendait, là, en bas !

Et elle me désigna le bord escarpé sur lequel nous nous trouvions. Je jetai un coup d’œil au-dessous de moi… et aussitôt je reculai devant l’abîme, m’accrochant à elle.

Étourdi, j’essayai néanmoins de plaisanter.

— Ne faites pas l’enfant, Rudy ! Nous allons fuir ensemble, et le plus tôt possible, car je crois bien qu’il se doute de quelque chose.

Alors nous descendions et nous traversions une futaie épaisse, qui nous garantissait de la pluie, mais qui nous plongeait dans une demi-obscurité, où elle ne me vit pas pâlir. Je fus quelque temps avant de pouvoir parler comme si « le saut du gily-