Page:Leroux - Mister Flow.djvu/290

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fuite, assurément ! Mais prudente, très prudente. Une faute pouvant tout précipiter… ouf !…

Profitant de la respiration qui m’était rendue, je dis, à tout hasard (et vraiment de telles paroles s’imposaient dans la bouche d’un homme de loi) : Comment n’avez-vous pas fait part à la police ?…

J’ai cru qu’il allait sauter de son lit. Il agita ses bras qui me parurent démesurés, et, pour se calmer, avant de me répondre, il vida la moitié d’une potion qui remplissait un verre laissé par « le petit page » sur la table de nuit, avant de nous quitter.

De fait, sir Archibald devint tout de suite à peu près normal. Il me dit simplement :

— La police n’a rien affaire dans tout ceci. Les Skarlett ont toujours réglé leurs affaires en famille. Ils n’ont besoin de personne !…

Simplement, je le répète, ceci était dit, mais cette simplicité-là était tranchante comme les lames de rasoir de Victor.

Nous restâmes en face l’un de l’autre encore quelque temps sans rien nous dire. Puis, il reprit, avec un effort assez mélancolique :

— Celle qu’il faut plaindre dans toute cette affreuse histoire, c’est lady Skarlett !… Connaissez-vous quelque chose au monde de plus noble, de plus magnifique, de plus digne d’un grand nom et d’une grande fortune que lady Skarlett ? Je vous prie de me répondre à cela, cher ami…

— Non ! fis-je un peu oppressé… non ! Lady Skarlett est une grande dame et une digne épouse…