Page:Leroux - Mister Flow.djvu/309

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le suprême élan où nous allions peut-être briser nos os !

Quand je sortis de ses bras je n’étais plus qu’un automate qu’elle manœuvra comme il lui plut.

Et elle me prouva dans la journée qui suivit, journée qui devait avoir une influence terrible sur toutes les heures d’une existence qui ne connaîtrait plus le repos, qu’une affaire intelligemment conçue, bien préparée, ne demandait pour être réalisée qu’un minimum d’efforts dans un minimum de risques et, mon Dieu ! un peu de sang-froid.

Les choses se passèrent comme elle me les avait annoncées. Le télégramme de Paris vint me toucher à l’heure dite. Je m’excusai en quelques lignes auprès de sir Archibald, dont je ne voulais pas troubler le repos, et Helena me conduisit elle-même en auto à Stirling. Toujours accompagné par elle, je pris mon billet, et nous passâmes sur le quai en attendant le rapide pour Londres. Il faisait alors nuit noire. Au bout du quai, Helena me fit pousser un portillon qui donnait sur un passage à niveau, et nous nous trouvâmes hors de la gare.

Puis, ce fut le retour dans l’auto. Elle me passa elle-même le déguisement dont elle s’était munie, et elle eut tôt fait de me camoufler. Je fus clergyman des pieds à la tête.

Sous ma couronne de cheveux blancs, je n’avais plus qu’une pensée : réussir. Au bord du gouffre où j’avais glissé, je n’avais plus pour tout espoir de salut qu’un redressement qui me permettrait de fuir au plus loin ces bords dangereux. Devais-je fuir sans