Page:Leroux - Mister Flow.djvu/44

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son destin en souhaitant d’être, sur-le-champ, débarrassée de cette encombrante charcuterie.

J’allais à Deauville, mais que n’aurais-je donné pour en être déjà revenu ! Qu’est-ce que me réservait ce damné Mr. Prim ? En vérité, je le connaissais si peu ! Quant à Me Antonin Rose, il ne pouvait plus en être question, du moins pour le moment !… J’avais vendu « mon moi » contre un visage, le cent unième de l’illustre Mister Flow ! Ma personnalité se réduisait désormais à n’être qu’un portrait de plus dans sa collection, une simple épreuve retouchée ! Et encore je devais veiller à ne pas trop l’abîmer dans mon désespoir…

Dans une glace, je constate que ma cicatrice n’a pas trop souffert de ma gesticulation ridicule. Je suis plus brique cuite que jamais ! Mon haleine doit être d’une fraîcheur d’alcool à 90… Encore une colère comme celle-ci et je serai très « pick me up » ! Cette façade me donne dix ans de plus.

Deauville ! Je descends, derrière mes lunettes, raide comme un gentleman qui n’a pas lâché les tabourets de bar depuis huit jours et j’injurie copieusement, dans un anglais de cockney, un gamin qui, à la sortie, veut me prendre de force ma valise.

Je monte dans l’autobus du Royal. Pas de chambre, naturellement ; nous sommes à la veille des courses. Je demande si lady Skarlett est chez elle et je prie qu’on lui fasse parvenir mon bristol, d’urgence. Cinq minutes plus tard, on vient me chercher et je suis un faquin solennel sans avoir lâché mon sac. Ahurissement du maître d’hôtel. On veut encore me débarrasser de mon fardeau,