Page:Leroux - Mister Flow.djvu/70

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sait jamais ? On a vu des choses plus rares, au jeu ! Je n’avais pas épuisé la déveine de l’armateur grec. Car c’est cela, uniquement, cela qu’il faut jouer, la déveine des autres ! Elle est plus visible que la flamme qui s’est allumée sur la tête des apôtres… C’est le seul système. Je m’y tiendrai désormais jusqu’au bout !

Système d’un renseignement sûr et de tout repos. Me voilà bien tranquille pour demain et les jours qui suivent. Et l’amour ? Pas banale, mon aventure avec lady Helena ! Dans mes rêves les plus fous, avais-je imaginé de posséder une telle femme dans de pareilles conditions ? Moi, petit avocat stagiaire qui, hier encore, « faisait les couloirs », j’ai bousculé sur la grève une reine de beauté qui a ses entrées à Buckingham Palace ! Et elle ne doit pas le regretter !

Alors, alors, pourquoi ma joie n’est-elle pas complète ? qu’est-ce qu’il lui manque ? Helena ne vient-elle pas encore de te dire : « Je vous adore ! » et elle t’attend… Oui, elle m’attend, mais elle ne m’a pas dit : « Je vous adore ! », elle m’a dit : « Je vous adore, Lawrence ! »

Eh bien ! je suis jaloux de Lawrence ! quel homme était-ce donc, ce Lawrence (posons nettement la question ; quel homme est-ce donc ce Mister Flow ?) pour que, sortant de mes bras, Helena n’ait qu’un soupir de reconnaissance pour l’ami retrouvé ? Je croyais l’étonner. Elle n’a pas paru étonnée du tout ! J’en serais inquiet si j’étais moins vexé. Triste fou ! Tu devrais te réjouir.