Page:Leroux - Mister Flow.djvu/73

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même, un peu de poudre de riz, de sa poudre à elle, le cher démon, J’ouvre la fenêtre, d’un geste à conquérir le monde… Quelle belle journée ! quelle fraîcheur ! et, là-bas, le doux soupir de la mer dorée par l’astre radieux qui monte derrière nous. Le soleil d’Austerlitz ! Fais donner la garde, mon Empereur !… Je rentre dans la chambre, j’appelle le jour à mon secours, le jour qui, peut-être, va me tuer… Et, quand les rideaux ont glissé, je me suis penché vers elle, éclairé par la pleine lumière… et je l’ai appelée à son tour, du fond de son sommeil ou de son rêve que nourrit encore la volupté. Elle a ouvert les yeux, ses yeux immenses, ses yeux aux paupières lourdes et noires de tant d’amours défuntes.

Elle m’a fixé un temps, un temps très court, qui m’a paru effroyablement long. Et, comme elle se taisait, qu’elle paraissait ne rien comprendre à ce qui lui arrivait, ni pourquoi ce jeune inconnu la dévisageait dans son repos, je me suis penché davantage, tout près, tout près de sa bouche pour y étouffer, sous la mienne, le cri qui allait en jaillir : « Regarde, lui dis-je, regarde Helena… Ce n’est pas Lawrence oui est là !… Il n’y a plus de Lawrence… Apprends le nom de celui qui t’aime et connais son vrai visage !… Je suis… »

Mais, elle me ferma la bouche d’une main lasse en murmurant :

Oh ! I know, I know, je sais !… Ne jouez pas la chèvre qui a le vertige !…

Et elle se rendormit.