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ROULETABILLE CHEZ KRUPP

— Nous ne sommes pas deux, fit brusquement Rouletabille à voix basse… nous sommes trois !…

— Trois !… où donc qu’il est le troisième ?… »

Rouletabille, après un coup d’œil jeté sur la salle voisine, se pencha à l’oreille de La Candeur et lui dit :

« Vladimir est là !… »

L’autre sursauta :

« Non !… où donc qu’il est ?…

— En ville… à l’Essener-Hof !

— Bonsoir, de bonsoir, de bonsoir ! c’est-il bien possible ! … Et qu’est-ce qu’il y fait à l’Essener-Hoff ?

— Il y attend mes ordres !

— Eh ben ! il peut attendre longtemps !

— Ils lui sont déjà parvenus !… »

La Candeur considéra un instant Rouletabille avec admiration :

« Tu les lui as envoyés par la poste ? lui demanda-t-il, non sans une certaine ironie.

— Exactement.

— Ah ! ben ! et il t’a répondu ?…

— Et il m’a répondu.

— Ça, c’est plus fort que de jouer au bouchon ! Comment faites-vous ?

— Eh bien ! nous prenons du papier, une plume et de l’encre, parbleu ! comme tout le monde… plus une certaine petite « grille » qui nous permet de découper dans une lettre d’une banalité courante les mots qui correspondent plus particulièrement à nos préoccupations personnelles !…

— Compris la « grille », mais ce que je ne comprends pas, c’est que vous puissiez correspondre !

— C’est pourtant bien simple ! Tu penses bien que, depuis quatre jours que je fais à peu près ce que je veux dans les bureaux particuliers de Richter, je n’ai pas passé uniquement mon temps à tracer des dessins de machines à coudre. Et rien ne m’a été plus facile que de glisser dans le stock de la correspondance de l’ingénieur, avant