Page:Leroux - Rouletabille chez Krupp, 1944.djvu/122

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
112
ROULETABILLE CHEZ KRUPP

— Comment ! tu t’associes avec les Boches, maintenant ?

— D’abord, Richter n’est pas Boche !… C’est un Suisse de Zurich !… et un charmant homme !… Nous faisons déjà une paire d’amis… Il a été si content des premiers plans que je lui ai fournis qu’il m’a invité à son déjeuner de fiançailles ! ainsi !…

— Pas possible !

— Peuh ! il ne pouvait faire moins avec son associé !… Et sais-tu où il le donne son déjeuner de fiançailles ?

— À l’usine ! chez le général von Berg ?

— Pas du tout !… À l’Essener-Hof ! mon cher !…

— Et tu as accepté ?…

— Avec joie ! ce me sera une occasion certainement de bavarder un peu plus longuement avec notre ami Vladimir.

— Eh ben ! vous en avez de la veine, vous autres… Et quand est-ce que je le verrai, moi, Vladimir ? »

Rouletabille se leva tout à coup, s’en fut à la porte de la grande salle, en prenant soin de marcher sur la pointe des pieds et lança a voix basse à La Candeur :

« Tout de suite ! tu vas le voir tout de suite !…

— Comment ! à l’usine ?

— À l’usine !…

— Et qui est-ce qui va nous l’amener ?…

— Si je te le disais, répliqua Rouletabille avec un bon sourire, tu ne me croirais pas !… et maintenant, motus ! »

On n’entendait plus que le ronflement de la mère Klupfel, écroulée sur le coin d’une table… Rouletabille pénétra dans la grande salle, se dirigea vers les patères où pendaient les deux capotes et les deux casquettes rouges s’empara de ces défroques, revint dans le cabinet où l’attendait La Candeur et les jeta sur une table.

« Habille-toi !… »

Et il s’habilla lui-même… L’uniforme semblait fait pour lui et la petite casquette rouge lui allait à « ravir ». Malheureusement la taille de La Candeur s’accommodait mal de ce nouveau vêtement.