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UNE NUIT DANS L’ENFER

est la dernière du coin à gauche, au second étage. Il sait aussi que Nicole n’est jamais seule, la nuit, et qu’une femme veille sans cesse sur elle… 11 sait encore qu’il y a des barreaux à la fenêtre de Nicole… Alors ?… alors, qu’espère-t-il ? Pourquoi se rapproche-t-il soudain de ce mur ?… Pourquoi, hardiment et rapidement, déploie-t-il toute la longueur de son échelle et l’appuie-t-il au toit, comme si son devoir de soldat du feu rappelait à aller constater que les superstructures du bâtiment ne courent aucun danger à la suite de la chute de quelques flammèches qu’il a pu apercevoir… Pourquoi ? Parce qu’il veut voir Nicole, qu’il n’a pas revue depuis la scène terrible où elle a remis entre ses mains le droit de tuer !…

Non ! Nicole n’est plus revenue avec Helena dans la salle de dessin de Richter, et c’est en vain que le reporter a attendu l’occasion de communiquer avec elle.

Au moment où Rouletabille va mettre le pied sur l’échelle, La Candeur lui dit :

« S’il vient quelqu’un, que dois-je faire ?

— Rien ! tu es à ton poste et je suis au mien ?

— Si c’est un chef qui me parle, je ne pourrai lui répondre !

— Eh bien ! tu ne lui répondras pas !

— Mais s’il insiste ?…

— Assomme !… »

Et Rouletabille grimpe sur son échelle, il passe devant la fenêtre qu’une veilleuse allumée toute la nuit éclaire doucement… et, en passant, il regarde… Sur son lit, juste en face, contre le mur du fond, il voit Nicole, étendue, accoudée la tête dans une main, les yeux grands ouverts.

L’insomnie poursuit la malheureuse fille. Elle semble perdue dans un rêve profond, et plus cruel peut-être que ceux qui la poursuivent jusque dans son sommeil.

Cependant, elle a dressé la tête et a dû apercevoir l’ombre de Rouletabille à la fenêtre, car voilà qu’elle se soulève doucement, et qu’elle souffle la veilleuse posée sur sa table de nuit. Le reporter ne sait plus que penser