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LE PLUS GRAND CHANTAGE…

langage inspiré par la plus basse haine, était sur le point de déchaîner contre moi et contre l’Allemagne la foudre la plus cruelle qu’un cerveau humain ait jamais pu concevoir !… Cette foudre, je la lui ai ravie !… et c’est à moi qu’elle va servir !… N’est-ce pas de bonne guerre ? »

Aussitôt, ceux qui étaient là ne trouvèrent plus de termes pour exprimer leur admiration ; mais l’Empereur, d’un geste, rétablit le silence et continua :

« L’engin ! c’est moi qui l’ai, et je vais vous le montrer !… et vous allez comprendre la fureur de Fulber !… et mon calme à moi, et mon pardon !… car je pardonne à cet homme qui a voulu détruire mon pays, mais qui a fourni finalement le moyen à la Kultur allemande de répandre ses bienfaits sur le monde !… Comme l’a voulu Fulber, messieurs, son engin sera un engin de paix, mais de paix dictée par l’Allemagne, pour le plus grand bonheur de l’humanité !… Encore un mot, messieurs, avant de continuer notre chemin… Fulber n’est pas un fou ! mais c’est un menteur !… Pour avoir son secret, nous n’avons torturé personne !… Sa fille, qui n’a jamais eu une très bonne santé, se porte aujourd’hui aussi bien que possible et est traitée en amie, par la fille même de l’ingénieur Hans, nièce du général von Berg ! En même temps que l’on vous fera voir la machine infernale qui va nous faire les maîtres de la terre, on vous présentera celui qui a livré le secret de Fulber. C’est son aide, le Polonais Serge Kaniewsky, cet anarchiste qui a été condamné par les tribunaux français à cinq ans de prison pour avoir simplement tenu des propos qu’il a niés. Vous comprendrez que Kaniewsky ne porte point la France dans son cœur et qu’il ne nous a fallu aucun effort pour le déterminer, moyennant une petite fortune, à nous aider à détruire Paris !…

Détruire Paris !… Votre Majesté va détruire Paris !… firent entendre des voix frémissantes…

Je détruirai tout ce qui me résistera ! Venez, messieurs !… »