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ROULETABILLE CHEZ KRUPP

dessin, et semblait suivre la ligne tracée sur le papier, comme si elle n’avait pas autre chose à faire « pour tuer le temps »…

Rouletabille pensa qu’une telle attitude devait lui être dictée par la prudence et il attendit… mais il attendit en vain que la tête, qu’il voyait de profil, se tournât vers lui, Enfin, n’y tenant plus, il entr’ouvrit la porte. Cette fois, Nicole se tourna bien de son côté… elle le fit même en sursautant comme si elle était véritablement surprise qu’il se trouvât quelqu’un dans ce cabinet-là.

« Ah ! monsieur… vous m’avez fait peur ! » dit-elle. On entendit dans le même moment la voix de Richter dans le corridor :

« Oui ! maman va mieux ! Je crois qu’elle pourra assister au déjeuner ! »

Aussitôt, Rouletabille, comprenant que la façon de faire et de dire de Nicole avait été commandée par la prudence même, continua son jeu :

« Je vous demande pardon, mademoiselle… je croyais moi-même qu’il n’y avait personne dans cette pièce !… » et il referma la porte de son cabinet et se remit au travail comme si rien ne s’était passé…

Deux minutes plus tard, il voyait l’auto s’éloigner avec Helena, Nicole, Richter et le majordome…

a Bah ! pensa-t-il, on se retrouvera au déjeuner de fiançailles ! »

Ils s’y retrouvèrent.

Le jour arrivé, Rouletabille se rendit à l’Essener-Hof avec Richter lui-même, qui le traitait tout à fait en ami.

Rouletabille n’était pas le seul reporter français à être déjà descendu à l’Essener-Hof. Un autre grand reporter, Jules Huret, nous en a fait la description :

« Cet hôtel Krupp — Essener-Hof — est un endroit bien curieux. Avec son double escalier, à colonnes de marbre rose, à la rampe en balustre de cuivre doré, il a grand air. Dans le vestibule d’entrée, de chaque côté d’une vaste cheminée de pierre, des masques sculptés représentent