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TO BE OR NOT TO BE

blanche. Noire de tourbillons de fumée, blanche de tourbillons de neige. Un vent furieux mêle tout cela. Plus qu’aucun autre coin de l’usine le kommando de Richter disparaît dans cette ombre sinistre et mouvante tachée de blanc, car les bâtiments qui en dépendent ne s’embrasent point des lueurs intermittentes et fulgurantes sorties des creusets et des forges des ateliers de guerre…

Derrière les bureaux de l’ingénieur, se trouve une petite cour déserte, utilisée uniquement par les services particuliers et domestiques de Richter et de sa famille…

Or, voilà qu’une fenêtre donnant sur cette cour s’ouvre et qu’une ombre se laisse glisser sur le tapis de neige dont la pâleur est à peine visible dans les ténèbres épaisses gardées par les hauts murs.

Cette ombre vivante est-elle ombre d’homme ou ombre d’animal ?… Telle une ombre de chien, elle se promène à quatre pattes dans la neige. Elle va, vient, longe le mur, semble sentir la terre comme une bête de chasse respire une piste. Puis elle se redresse contre le mur. Décidément, c’est une ombre d’homme.

Une corde est lancée par l’homme au-dessus du mur et cette corde doit être munie d’un grappin qui s’est accroché à quelque saillant, à quelque barre de fer sérieusement repérée, car du premier coup, la corde ne cède pas sur la main qui la tire, et elle soutient le corps qui s’en sert aussitôt pour l’escalade.

Le mur est vieux, et sous les pieds agiles qui le prennent pour point d’appui, quelques gravats s’en détachent et viennent rouler dans la neige ; mais, sans doute, l’ombre ne trouve-t-elle point cette déprédation suffisante, car, sitôt arrivée sur la crête du mur, elle en détache quelques morceaux qui tombent dans la cour et hors de la cour. Puis l’ombre disparaît hors de l’enclos après avoir rejeté la corde de l’autre côté du mur.

Quelques minutes se passent.

Maintenant, la corde est rejetée dans la cour et l’ombre,