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ROULETABILLE CHEZ KRUPP

formes de pompier sous son bras… Écoute bien ce que je vais te dire… je vais sortir de la maison de Richter par la porte du perron. Tu resteras dans la salle de dessin. Personne n’y vient jamais, surtout la nuit. Seul Richter pourrait y entrer, mais, après la petite fête d’aujourd’hui, il dort profondément, comme tout le monde !…

— Tout de même, s’il venait ?…

— Ah ! s’il venait, tu le tuerais !…

— Entendu ! mais avec quoi ? J’ai le poing démoli, moi !

— Avec ceci », fit Rouletabille, en se dirigeant vers son petit cabinet de travail d’où il revint avec un levier pesant, terminé par une masse qui faisait de ce morceau d’acier un redoutable marteau…

La lune, un instant, éclaira l’arme qui fut déposée à portée de La Candeur, sur une planche à dessin…

« Tiens ! la lune qui se lève ! fit remarquer La Candeur. On va voir clair pour travailler. »

Mais l’astre se voila immédiatement. Le vent qui n’avait cessé de souffler avait cependant débarrassé un peu cette nuit lugubre de ses tourbillons de fumée et chassait des nuées de tempête…

« Tu ne bougeras pas d’ici jusqu’au moment où tu verras une ombre se dresser sur ce perron. Je te laisserai la clef de Richter. Tu ouvriras la porte à cette ombre ; tu la reconnaîtras, ce sera Nicole, dans les habits et sous la coiffe d’Helena, tu l’introduiras ici et tu lui diras : Rouletabille va venir !… Et c’est tout ! tu entends !… Pas de bruit, pas de bavardage inutile… Vous n’avez pas autre chose à vous raconter… Si elle te questionne, tu ne lui répondras pas… Compris ?

— Compris !… mais si elle ne vient pas ?

— Si elle n’est pas ici quand je reviendrai, il est entendu que j’irai la chercher… Mais toi, ne bouge pas !

— Bien !

— Obéis sans plus !… Puisque tu n’as pas d’inspiration, ne t’imagine pas devoir faire des choses qui te sem-