vants. L’espace dont ils disposaient pour leurs mouvements n’était pas assez vaste pour qu’ils pussent s’étendre en hauteur ; aussi, s’étant vivement relevés sur leurs genoux, ils se trouvèrent en face l’un de l’autre, comme eux corps de bêtes aux mufles soufflants, haletants et hostiles.
L’un de ces souffles demandait :
« Nicole ? »
Et l’autre ne répondait toujours que par son halètement.
Serge Kaniewsky et Rouletabille étaient en face l’un de l’autre, au fond de la cale du Wesel… au fond de l’abîme…
« Nicole ? répète la voix grondante du Polonais… Où est Nicole ?
— Dans une de ces caisses… souffla Rouletabille.
— Mais où ?… mais où ?… mais où ?… Elle est peut-être évanouie !… Elle est peut-être morte !… Pourquoi ne donne-t-elle pas signe de vie ? Pourquoi ?…
— Les caisses ont été séparées les unes des autres… Attendez donc un peu… de la patience et du sang-froid !… nos compagnons ne sont peut-être même pas dans cette cale… Ces caisses ont été laissées sur le pont…
— Vous m’aviez juré qu’on ne nous séparerait pas !
— Qui vous dit que nous sommes séparés ? répliqua la voix lugubre de Rouletabille… Nous sommes tous à bord, on finira bien par se retrouver ! »
Mais la fièvre du Polonais ne faisait que grandir… Il tournait dans l’étroit espace comme une hyène dans sa cage… et il revenait à Rouletabille en montrant ses dents comme s’il ne pouvait plus se retenir de le dévorer…
« Silence ? commanda le reporter… il me semble que l’on a remué de ce côté… »
Et il s’enfonça dans les ténèbres…