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ROULETABILLE CHEZ KRUPP

Quelqu’un qui connaissait Lixhe leur dit :

« Il est parti ce matin pour Flessingue… »

Ils allèrent à la police qui, d’ailleurs, les cherchait et ils apprirent avec certitude que Lixhe qui avait été rejoint par sa femme, prisonnière des Allemands depuis six mois, venait, en effet, de prendre le train pour Flessingue.

À Flessingue, ils arrivèrent pour voir disparaître le bateau qui emportait Lixhe et sa femme.

Rouletabille disait :

« Si, comme je le pense, Nicole s’est entièrement confiée à Lixhe, celui-ci ne trouvant pas Nicole suffisamment en sûreté en Hollande, l’a conduite en Angleterre. »

Ils durent attendre deux jours un bateau pour l’Angleterre.

Serge et Fulber ne parlaient plus du tout à Rouletabille. Ils l’écoutaient quelquefois, mais comme des gens qui ne l’entendent ou ne le comprennent pas.

Ils ne mangeaient plus. Ils ne pleuraient même plus.

La Candeur et Vladimir allaient faire des parties de cartes dans les cafés.

Les nuits étaient épouvantables pour Rouletabille qui ne dormait plus. Dès qu’il s’assoupissait, il se voyait assassinant Nicole.

Enfin, ils s’embarquèrent. La traversée s’accomplit normalement. Ils arrivèrent à Londres et s’en furent à la police. Là ils apprirent que Lixhe et Mme Barbara venaient de partir pour Liverpool.

Serge déclara qu’il n’irait pas à Liverpool, qu’il n’en aurait du reste pas la force, car il gardait celle qui lui restait pour rentrer en France, revoir les lieux où il avait aimé Nicole et mourir. Fulber, lui, voulut suivre Rouletabille jusqu’à Liverpool.

« Cela vaut mieux, dit-il, ce sera plus sûr ! »

Et il se mit à rire en embrassant Rouletabille. Fulber était sur la limite de la folie.