Soudain, une porte s’ouvre. Un huissier fait passer « ces messieurs » dans le bureau du ministre. Un « haut personnage » est là que Rouletabille reconnaît. Politesses.
« Ça va chez les poilus ?
— Ça va !
— Asseyez-vous donc, je vous en prie… » Arrivée d’un second « haut personnage », présentation de Rouletabille.
« Enchanté de faire votre connaissance, jeune homme. Votre directeur nous a dit qu’on pouvait vous demander des choses impossibles. Nous allons voir… »
Rouletabille n’a pas le temps de répondre. Un troisième « haut personnage » fait son entrée. C’est à celui-ci que le directeur de L’Époque téléphonait tantôt devant Rouletabille.
Tous demandent :
« Eh bien, vous avez vu Cromer ?
— Cromer, répond le dernier arrivé, doit être là-haut ; je lui ai donné rendez-vous à 10 heures et demie. Ce qu’il raconte est effrayant !… »
Encore une porte qui s’ouvre, et le directeur de la Sûreté générale est annoncé.
« Messieurs, fait-il en entrant, j’ai tout mon monde là-haut. Si vous voulez monter, je suis à votre disposition !… »
Ainsi, c’est à la Sûreté générale que l’on va : ce conseil extraordinaire, on n’a pas voulu le tenir au ministère même, mais dans un endroit plus discret, plus fermé. Par des escaliers intérieurs, par des corridors dont Rouletabille connaît bien le labyrinthe, on se rend au cabinet même du chef de la Sûreté générale.
Dans le petit vestibule qui précède les bureaux, un homme à la figure énergique, face entièrement rasée, type d’anglo-saxon, attend debout, les bras croisés, cependant qu’au fond d’un fauteuil, une vieille dame à bonnet noir montre une figure pleine d’angoisse et empreinte d’une tristesse infinie. Les « hauts personnages » saluent.