galant homme qui ne sait rien refuser aux femmes, et puisque la princesse Botosani est si intelligente et si… intrigante, vous ne saurez tarder d’être chargé de quelque mission de confiance dont on revient à chaque coup, dans ces pays-là, cousu d’or !…
— Je voudrais être cousu d’or ! soupira Vladimir. Dites-moi ce qu’il faut faire. Rouletabille, pour être cousu d’or !…
— Mais peu de chose, mon ami, je vous assure ! Par exemple : se promener dans des trains de luxe à travers le monde, se laisser choyer, dorloter, fêter !… Car, en vérité, y a-t-il une existence plus agréable que celle d’un monsieur qui arrive en pays étranger, chargé par son gouvernement de surveiller une commande de munitions et ayant le pouvoir d’en augmenter l’importance ! On fait tout pour qu’il soit content, cet homme-là ! On se met en quatre pour qu’il n’ait aucun désir à formuler !… Et comme on tient absolument à ce qu’il garde un excellent souvenir de son voyage, on ne le laisse pas partir sans lui avoir donné ce qui est nécessaire pour se faire faire toute une garde-robe en or, si, comme vous, il a rêvé de revenir un jour dans sa chère patrie tout cousu de ce précieux métal !…
— Taisez-vous si vous ne parlez pas sérieusement, Rouletabille… Car vous m’ouvrez des horizons !… des horizons !… Je me vois déjà chez Krupp ! comme représentant de la jeune Turquie !… Avec la princesse Botosani, Rouletabille, tout est possible !…
— Et avec vous, Vladimir, tout est-il possible ? »
Le Slave fut un instant sans répondre, puis, brusquement, il jeta :
« Non ! pas ça !… Non ! ça, je ne le pourrais pas !… Servir les Turcs, c’est servir les Boches, Rouletabille !… Et ça, je ne le ferai jamais !… Ça n’est peut-être pas bien épatant ce que je vais vous dire ; figurez-vous tout de même qu’aux premiers jours de septembre 1914, quand les premières patrouilles de uhlans n’étaient plus très loin