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LE MONSTRE EST LÀ

XII

LE MONSTRE EST LÀ

La nuit se passa sans incident. Rouletabille dormit d’un sommeil de plomb. La Candeur, lui, ne ferma pas l’œil.

Avec Rouletabille il fallait s’attendre à tout et La Candeur était payé pour savoir que les aventures les plus extravagantes, et aussi, hélas ! les plus dangereuses étaient généralement celles qui tentaient surtout le premier reporter du monde.

Le lendemain matin, à la sortie de l’Arbeiterheim, pour se rendre aux ateliers, Rouletabille vint se placer tout doucement dans le rang à côté de La Candeur et comme ils avaient le droit de causer et que les gardiens qui les accompagnaient ne leur prêtaient point attention, ils causèrent.

La Candeur apprit à Rouletabille que le « kommando » de l’industrie civile et étrangère était sous la direction d’un neutre qui travaillait à l’usine Krupp depuis de nombreuses années.

Ce neutre était un ingénieur suisse d’origine allemande (il avait tous ses parents boches employés à l’usine) et il était sorti de l’École polytechnique de Zurich.

Il s’appelait Richter, devait avoir dans les quarante ans, et il était sur le point de se marier avec la fille de l’ingénieur Hans, directeur du laboratoire d’énergie… Cette fille, Helen, était la nièce, par sa mère (mais elle avait perdu sa mère), du général von Berg, lequel était à la tête du général-kommando, organisation centrale et directrice de toute l’usine au point de vue technique.