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ROULETABILLE CHEZ KRUPP

me reparler de ce canon-là ! lui sifflait Rouletabille entre ses dents… Je te le défends, sous peine de mort !… »

Et comme La Candeur, pâle, effaré, ne savait plus où il en était…

« Mais continue donc, idiot !… Tu disais qu’ils avaient des dépôts…

— Oui, un dépôt de munitions pour tous les calibres, balbutiait le pauvre La Candeur, de plus en plus ahuri. Il y en a pour le 77, le 120, le 105, le 150, le 210, le 420, le 280, le 350 et tu viens de voir celui du 420…

— On disait qu’ils en étaient revenus de leurs 420…

— Je t’en fiche, paraît que rien qu’en ce moment, ils en ont sept à la fois à la fonderie… Ainsi… Ah ! tiens, regarde ça…

— Ah ! bien, ça vaut la peine de se déranger ! exprima Rouletabille en considérant deux prodigieuses caisses qui venaient d’apparaître sur leur gauche, entre les innombrables piliers de fer qui les entouraient… C’étaient les deux énormes réservoirs Krupp à gaz, les plus grands du monde…

— Et puis, tu sais, ils sont toujours pleins à crever ! Tu penses ! avec une bombe d’aéroplane là-dessus… Quel soupir !…

— Tais-toi !… Je le dis, tais-toi !… »

Ce fut au tour de La Candeur de constater la pâleur de Rouletabille.

Celui-ci ne regardait plus les réservoirs, mais par delà leur rotondité formidable, quelque chose de plus formidable encore…

Dans l’atmosphère de fumées déchirées par un coup de vent brusque, un monument qui tenait du cauchemar, et qui paraissait bâti sur des nuées d’enfer, dressait sa silhouette kolossale…

C’était bien là la hideuse et terrible carapace pour machine de guerre que Nourry avait évoquée avant de mourir…

Rouletabille en reconnaissait les dimensions fantasti-