Page:Leroux - Rouletabille chez les bohémiens, paru dans Le Matin, 1922.djvu/42

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Le regard de Jean fit le tour de ces figures rudes au front serré, à l’œil hostile, et il leur dit :

— Vous savez ce qui est arrivé. Croyez-vous que ce soit Hubert qui ait fait le coup ?

— Ça, non ! répondirent-ils avec unanimité… nous ne le croyons pas !…

— Il est cependant en prison pour cela… si quelqu’un de vous l’a vu la nuit dernière… ça peut le servir !… Il faut le dire…

Tous gardèrent le silence.

« Je ne vois pas ici lou Rousso Fiamo (la Rousse Flamme), laissa tomber Jean… il pourrait peut-être nous donner quelques renseignements…

« Lou Rousso, un rouquin aux cheveux de feu, avait été autrefois le chef des guardians de Mauriac… Il était bien connu pour sa force, sa brutalité et son dévouement aveugle au jeune homme.

Une voix répondit :

« Lou Rousso Fiamo est parti avant-hier avec quatre taureaux pour la ferrade de Beaucaire…

— C’est bien la première fois que « lou Rousso Fiamo » ne se trouve pas à la fête des Saintes !… Il en fera certainement une maladie ! fit remarquer Jean.

Et il sortit, n’insistant pas, sachant qu’ils se tenaient tous et qu’il ne pourrait rien tirer d’eux. Cependant son voyage aux Saintes n’avait pas été inutile, loin de là ! et il avait hâte de revoir Rouletabille.

Une heure et demie plus tard, il le retrouvait à Lavardens.

— Eh bien ? questionna-t-il.

— Eh bien, répondit Rouletabille, malgré les avertissements d’Olajaï, j’ai voulu aller