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Page:Leroux - Rouletabille chez les bohémiens, paru dans Le Matin, 1922.djvu/90

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Chapitre quatrième

La Poursuite


I. — Continuation du combat de Jean contre la Pieuvre

Gilliatt, travailleur de la mer, se débattant contre les huit bras de la pieuvre qui l’entraînaient à l’abîme, paraissait moins à plaindre à Jean de Santierne que Rouletabille aux prises avec les nœuds mystérieux qui l’attachaient à cette inquiétante Mme de Meyrens.

Après ce qui s’était passé quelques jours auparavant aux Saintes-Maries et ce que Jean avait pu voir des sourdes menées de cette dangereuse intrigante, après ce que Rouletabille lui-même avait rapporté à Jean des accointances de cette femme avec Callista, comment le reporter n’avait-il pas définitivement rompu une liaison qui n’avait hélas ! que trop duré, pour lui Rouletabille et pour la tranquillité de ses amis ? Éternelle faiblesse de la nature humaine, pauvre petite stupide chose qu’un cœur épris ou simplement touché par la grâce féminine qui passe ! Celle-ci n’a qu’à revenir avec son front bas, ses yeux étranges et son sourire énigmatique, et il n’y a plus de bon bout de la raison qui tienne ! Rouletabille qui était si fier de son cerveau, avait vraiment un cœur sensible. Par là il était destiné à périr, pensait Jean.

Il semblait ne plus revoir la Pieuvre que pour la quereller ; mais les querelles c’est encore de l’amour !… Et pendant ce temps, la misérable, dans un but auquel Jean ne pouvait penser sans une affreuse amertume, travaillait sournoisement contre eux, contre eux,