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À TRAVERS LA TUNISIE

quitté « Pantin » et pris le train pour arriver bientôt à la station de la défense mobile.

Une nuée de torpilleurs (nous sommes la nation qui a le plus de torpilleurs) était là pour nous prouver que Bizerte n’avait rien à redouter d’une attaque. Quand les travaux de fortification seront achevés et munis des quarante pièces de gros calibre qui leur sont nécessaires, la défense mobile pourra être réduite.

Je ne vous parlerai point de cette rade merveilleuse, de ces lacs qui pourraient contenir toutes les flottes de l’univers : vingt articles vous les ont fait connaître. Qu’il vous suffise de savoir que l’on travaille ferme à l’arsenal, que la digue intérieure est presque achevée, que les dragages continuent, qu’une autre digue va barrer l’entrée du port et que d’autres villes encore s’édifient autour des lacs.

C’est ainsi que nous avons pu visiter Ferryville, qui n’était qu’un désert il y a un an. Nous y fûmes dans de vieux fiacres escortés par des Arabes aux longs burnous, qui bondissaient parmi les lauriers-roses et les figuiers de Barbarie, s’agitant beaucoup sur leurs petits chevaux, dont la folle chevelure était teinte au henné. Nous croisâmes une caravane de chameaux et d’Arabes loqueteux poussant des ânes, et, quand M. Lockroy se fut décidé à ajouter à la couleur locale en arborant le casque blanc de l’explorateur, je m’avouai que j’avais enfin retrouvé cette Afrique que j’ai tant aimée, il y a dix ans, à