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COIN DE FÊTES

Ainsi me parlèrent quelques commerçants français et russes aux abords de la perspective Nevsky.

C’étaient de justes promesses, et je vous dirai demain comment elles furent réalisées.

le lendemain
Saint-Pétersbourg, 25 août.

— Vous ne pouvez vous faire une idée de l’enthousiasme russe. Il emporte tout : c’est une avalanche, c’est la débâcle de toutes les glaces, de toutes les froideurs accumulées depuis des siècles chez ces populations du Nord. La Néva ne devient pas plus dangereuse à l’époque des premiers rayons de soleil. Le courant du fleuve n’est pas alors plus puissant ni plus irrésistible que le courant populaire. Fuyez-le, craignez ses remous aux carrefours. Redoutez ses larges flots dans ses larges perspectives. Laissez-le passer, regardez-le de la rive, contemplez-le du seuil, mais, pour Dieu, ni pour le tsar, n’y mettez point le pied. Il vous prendra, vous enlèvera, vous roulera. Il vous aura saisi au coin du pont Alexandre, heureux de la joie de ce peuple, doucement ému des hourras patriotiques et « fier d’être français » ; il vous laissera au pied du socle de Pierre le Grand, et vous ne serez plus qu’une loque, qu’une pauvre petite chose lamentable et cassée. Dans le trajet, il vous aura soulevé de terre, il aura eu des