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NIJNI-NOVGOROD

table le célèbre Nordenskiold, qui but à notre expédition et aux touristes de la Revue générale des sciences. Remontons au delà de Moscou, allons à Nijni-Novgorod.

Nous partîmes de nuit pour cette ville. L’attrait du voyage n’était point seulement dans la visite d’une cité du treizième siècle, tenant dans ses murs une foire célèbre, mais bien aussi dans le spectacle des pays à traverser. C’étaient, de Moscou jusqu’au Volga, jusqu’à l’Oka, les gouvernements de Vladimir, de Kostroma, de Riazan, c’est-à-dire des terres que n’ont point pénétré les éléments étrangers et où l’on rencontre par excellence le type des Vieux-Russes. Aussi je regrettai la nuit et j’attendis impatiemment le lever de l’aurore.

Nous étions là une cinquantaine, dont une dizaine de dames. Nous occupions quatre ou cinq wagons. Les uns étaient étendus et lisaient ; d’autres, enveloppés dans les couvertures, dormaient déjà. Le capitaine des bombardiers de Calais ou de Dunkerque ronflait. L’assureur du Havre racontait des histoires à un monsieur qui dormait debout.

La veuve de Bordeaux rédigeait ses mémoires, noircissant le cinq centième feuillet de son registre de voyage : « Je me suis levée ce matin à cinq heures, je déjeune d’un chocolat… » etc. Le conseiller à la cour d’appel peignait ses favoris. D’autres fumaient, d’autres parlaient politique. Les dames, couchées, écoutaient vaguement les