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SUR MON CHEMIN

chands, venus de Laponie, d’Asie et du Caucase, se sont abattues avec leurs peaux de bête sur les rives de l’Oka et du Volga, que nous traversons sur son pont de bateaux de 900 mètres.

Nous entrons dans la foire. Nous achetons. On nous vole. Il n’y a rien à faire. Les employés des grands magasins ont passé par là. Tout plus cher qu’à Paris.

Mais le spectacle vaut de l’or. Des Tartares barbus, coiffés d’astrakan, nous regardent sans enthousiasme. Des tribus vêtues de chemises rouges, ou vertes, ou jaunes, sales, déguenillées, superbes, passent, chargées de marchandises. Vous croisez des femmes voilées jusqu’à leur regard noir et profond. Des bohémiennes bronzées vous font des signes de filles de joie.

Vous entrez dans les cours. Elles sont immenses et pleines à déborder de peaux empilées. Cela se vend en gros pour les grandes maisons de l’étranger. Il vous reste les boutiques noires, où des icones en toc attendent le touriste.

Vous ne faites pas sensation. Le Français lui-même n’est salué que roubles en main.

Retournons au Volga. C’est une mer avec des plages de sable. Comme à Riga, des femmes nues se baignent, pleines de pudeur et de simplicité. Des troïkas entrent dans le fleuve à toute volée. C’est ainsi qu’on lave les voitures dans ce pays. Des bateaux descendent le courant, chargés à couler.

Sur la rive, des bœufs traînent lentement des