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SUR MON CHEMIN

merciale, de son client à ses côtés. Cette proposition a été repoussée par douze voix contre six. Il y avait, en effet, dix-huit votants, trois membres du conseil étant absents, dont Me Waldeek-Rousseau, qui recevait alors le président de la République à l’école Braille. Je vais donner la liste de ceux qui furent pour la réforme. Elle pourra guider certains votes dans les prochaines élections. Ont voté pour : Mes Tezenas, Danet, Pouilhet, Devin, Thiebelin, Dufraisse. Tous les autres repoussèrent la proposition avec des cris d’horreur. Remarquons en passant que Me Devin passait, jusqu’à ce jour, pour un réactionnaire, et qu’il y a deux ans, Me Ployer fut élu en qualité de libertaire. Comme on est trompé, mon Dieu !

La seconde réforme proposée intéresse à la fois les clients et les avocats. On sait qu’à cette heure l’avocat n’a pas le droit de parler d’honoraires, qu’il a encore moins le droit d’en réclamer, aussi bien de vive voix que par lettre. Me Danet estimait que cette vieille hypocrisie avait fait son temps et que la permission devait être donnée à tous de déclarer sans fausse honte qu’ils entendaient être payés de la veuve et de l’orphelin quand ils avaient à en défendre les intérêts. Bref, la commission était d’avis qu’il n’était point déshonorant pour un membre du barreau de réclamer par lettre ce qui lui est dû. À l’exposé d’une telle abomination, une tempête se déchaîna au sein du conseil de l’Ordre. Les propos les plus agressifs furent échangés. Me Du Buit entra dans