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LEURS MOTS DE LA FIN

— Afin qu’on me prît pour un magistrat !

M. Gués lui parle du garçon de Véry, Lhérot, qui le fit arrêter.

— Vous conversiez avec lui tout le temps. Vous vouliez sans doute le convertir à vos théories ?

— Avouez que je n’ai pas réussi, interrompt Ravachol avec un sourire plein de condescendance.

Ravachol avait à côté de lui un complice, « le nommé » Simon, dit Biscuit. Celui-là, c’était le voyou, un gamin. Comme son compagnon voulait tout le temps le sauver, il disait à Ravachol, en lui donnant un coup de coude dans les côtes et en lui montrant le président :

— Dis-’i donc la vérité !

Biscuit avait visité, avant le coup, l’immeuble habité par M. Benoît, le magistrat visé.

— J’voulais savoir à quel étage il demeurait, raconte-t-il. Je suis monté au n°136 du boulevard Saint-Germain, croyant qu’il aurait une plaque sur sa porte, comme dans les autres commerces !

Vaillant, dans sa défense, montra plus de politesse. Il eut la plaisanterie bien élevée. Comme il interrompait souvent le président et que celui-ci s’en plaignait, il s’en excusait en fort bons termes :

— Excusez-moi, monsieur le président, disait-il. Vous avez l’habitude de présider les assises ; moi, je n’ai pas l’habitude d’y comparaître.

Quand on lui lut la sentence de mort, il se tourna vers le fond de la salle, ou il avait décou-