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LA COUR RÉVISE


Nous voici encore pour trois longues heures devant la haute porte de bronze qu’encadre le marbre blanc des faisceaux des licteurs. Muets et patients, notre regard s’hypnotise à suivre les arabesques de métal, les fleurs de cuivre, toutes cette dentelle forgée qui nous sépare du prétoire. Quand donc ces lourds battants tourneront-ils sur leurs gonds sonores ? Quand donc laisseront-ils passer la foule pacifique et recueillie de ceux qui aspirèrent à la contemplation de l’Arrêt, dans son appareil d’hermine et d’écarlate, dans son cadre d’or, dans la majesté de son rite ? Ils s’agglomèrent en silence, au pied du mur de fer, plus nombreux à mesure que coulent les heures. Je n’ai encore rencontré pareille vertu d’attente chez une foule, devant une porte, qu’aux matins blêmes de la Roquette, quand elle attend le patient et le bourreau. Ces gens ne manifestent point l’ardent désir de voir et de