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SUR MON CHEMIN

n’y aura pas de politiciens. Sa figure est extraordinairement paisible.

Et tous trois font des déclarations adéquates à ces silhouettes.

Buffet, rude, franc, loyal serviteur du Roy, têtu, dévoué à des principes rigoureusement étroits, prêt à souffrir pour son Roy et prêt à mourir en rageant pour ses principes, la tirade un peu vieille, rajeunie cependant d’une interprétation nouvelle du droit divin, Buffet se console de sa défaite à lui, puisque la République parlementaire — la gueuse — « a été condamnée douze fois » ![1]

Guérin accompagne son bref discours d’un geste de prodigieuse lassitude. Déroulède, vibrant d’un espoir forcené, dira : « Je reviendrai ! » Lui, l’Aventurier fatigué de l’Aventure, l’homme qui en a tant vu depuis l’histoire Mallet, l’ex-portefaix, le conférencier, l’économiste et le général du Fort-Chabrol, pousse un soupir, lève le bras, le laisse retomber, ricane avec amertume et dit : « Quand reviendrai-je ? Où irai-je ? Que m’importe ! »

Et Déroulède clame : « Je reviendrai quand reviendra la justice ! Je reviendrai libre, quand le pays sera libéré ! Chassez-moi du sol de la patrie ! »

Guérin sourit en pensant à ses malheurs ; Buffet en veut, au nom du Roy, au gouvernement de

  1. Allusion aux douze acquittements.