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SUR MON CHEMIN

grandes figures de la belle saison judiciaire. Il ne s’y trouve ni grands avocats ni avoués. Il ne s’y trouve même point de premiers clercs. Tout au plus y rencontre-t-on des petits clercs timides qui exposent, en rougissant et sans faire de phrases, des affaires que les avocats les plus en renom eussent compliquées avec tant de talent. Mais les petits clercs grandiront et, eux aussi, un jour, ils auront du talent.

La cour d’assises doit juger tous les jours. Elle ne le fait point. C’est que plusieurs procès intéressants ont été rayés du rôle. Ça n’est pas difficile. Il suffit que l’accusé consente à faire quelques mois de prévention supplémentaires. S’il a un avocat qui compte, un vrai, un avocat qui serait déshonoré s’il paraissait au Palais pendant les vacances, cet avocat saura bien le convaincre de la nécessité de se pourvoir devant la Cour de cassation contre l’arrêt de la chambre des mises en accusation. Ainsi, son affaire qui était inscrite pour la période de repos judiciaire et qui risquait de venir devant le jury à cette époque, sera renvoyée à de lointaines calendes. C’est pourquoi il ne reste plus en cette saison que des cambriolages ridicules et des abus de confiance sans intérêt dont il est impossible de rendre compte dans les journaux, ce dont j’enrage.

Ces vacances sont immenses. On croit qu’elles n’ont que deux mois ; elles en ont quatre. Elles commencent avant et durent encore après. On