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LES FAUSSAIRES


J’aime mieux vous dire tout de suite que je ne parlerai point de l’affaire Dreyfus, mais de l’affaire Bodevin, qui est autrement plaisante.

Le faux est un crime qui peut entraîner les travaux forcés à perpétuité. Dans l’affaire Bodevin, je le regrette. Car, enfin, voilà Bodevin, qui est un jeune homme timide, frais sorti du collège, d’où il emporte un casier judiciaire — je veux dire un livret scolaire — vierge de mauvais points et d’heures de retenue ; l’allez-vous condamner au bagne jusqu’à la mort ? Et cela, parce que sa modestie naturelle ne lui permettant pas d’affronter les examinateurs, il a prié un compagnon de table d’hôte, le nommé Maire, de prendre, devant la Faculté, sa place, son personnage et sa signature ? Et ce Maire, allez-vous pareillement le châtier, parce qu’il a accepté l’offre d’un Bodevin ? Ce Bodevin ne lui a pas rapporté un sou, et le fait est assez rare pour