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SUR MON CHEMIN

contre la vraie lucarne du vrai manège, quand nous l’eûmes enfin découvert. Par cette lucarne, je pouvais assister au duel comme si je l’avais fait. C’était vraiment une invention admirable et dont j’avais le droit de me féliciter, car personne ne vit rien, personne, excepté moi, bien entendu. Mon Dieu ! ce qu’ils en inventèrent des échelles et des petites lucarnes, ce jour-là ! Chaque journal avait son échelle. Or il n’y avait qu’une échelle, la mienne. Je ne leur en veux pas.

La peste soit des propriétés privées dans lesquelles on se bat quelquefois. Un propriétaire tout à fait dans le mouvement est celui d’Aurélien Scholl. Comme MM. Drumont et Vonoven s’alignaient déjà dans son petit jardin de la rue de Clichy, le concierge survint, déclarant que le propriétaire donnerait congé à Scholl si ces messieurs ne s’allaient faire tuer en public. Ils s’en furent à la Grande-Jatte.

La Grande-Jatte, la Tour-de-Villebon, Saint-Ouen, Levallois-Perret, voilà des endroits très bien, d’où l’on peut tout voir. On n’est pas dans la nécessité ensuite d’affirmer qu’on s’est déguisé en garde-chasse ou en ramoneur pour raconter de visu un spectacle dont vous fûtes religieusement exclu.

Ce spectacle est toujours fort curieux. Comme le drame romantique, le duel présente un mélange de comédie et de tragédie dans lequel des reporters trouvent toujours à glaner. Nous avons vu des choses bien tragiques à la Grande-Jatte.