Page:Leroux - Sur mon chemin.djvu/344

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LA SENTINE


Comme on descend en un bouge infâme, comme on va visiter les égouts, comme on se penche, par curiosité de dilettante, au soupirail des caves où se vautrent et croupissent les souteneurs de la Cité, comme on sonde, parce qu’il faut savoir davantage, les pires réceptacles de l’Ordure, je suis descendu dans la sentine électorale.

Et aussi, comme on ne se risque point en ces Châteaux-Rouges sans la compagnie de quelque bas policier ou sans s’être assuré l’alliance passagère d’un ami de la maison, j’ai prié un candidat de me conduire par la main.

Dès l’aube, il est venu vers moi et m’a dit : « Allons ! » Il avait le visage long et la mine blême. Ses yeux se cernaient de bistre, et un pli d’amertume abaissait la commissure des lèvres. Il était las et courbé, avachi déjà. Exhibant de la confiance, il affirmait : « Ça marche ! ça marche ! » voulant se tromper lui-même, car il sa-