Page:Leroux - Sur mon chemin.djvu/48

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
34
SUR MON CHEMIN

protéger, vos filles, leurs sœurs, leurs épouses futures… Une émotion impossible à décrire s’empara de toutes les âmes, en face de cette multitude adolescente, d’où se dégageait une puissance formidable qui se prépare pour la lutte du siècle qui viendra ; des larmes coulèrent de bien des yeux, devant ce spectacle de l’Avenir…

Et quand cette manifestation de grâce et de force fut accomplie, les jeux reprirent dans les herbes, sous les charmilles, au pied des vastes platanes ; des groupes à nouveau se formèrent ; des jeunes gens, qui avaient apporté avec eux des violons, jouèrent des valses lentes, et les jeunes filles les écoutaient… Quelques-unes, moins timides, tournèrent entre elles ; d’autres étaient allées vers de petits théâtres comme on en voit dans « la fête chez Thérèse ».


Or, on avait bâti…
Près d’un bassin, dans l’ombre, habité par un cygne,
Un théâtre en treillage où grimpait une vigne…


Là, des jeunes gens, qui passaient leur semaine à l’atelier, disaient des vers. Une petite fille monta sur une petite estrade et conta une petite fable…

Il se dégageait de toutes ces choses un charme adorable… Il est six heures, maintenant : tout cela va être fini bientôt… J’écoute une dernière fois les violons sous les arbres ; je respire l’odeur plus forte des sapins, et je m’arrache à ce rêve en