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LA FLAMME


La flamme a brûlé la Maison. Nous fûmes tous à cette lugubre dernière. Auteurs, acteurs et critiques dramatiques étaient là. Dans le vaste hémicycle de la place du Théâtre, aux bons endroits de l’orchestre en plein vent, ils sont venus pour voir brûler la Maison.

Le cri sinistre des pompes dans les rues, le galop furieux des chevaux blancs devant les échelles rouges, la flamme debout au cœur de Paris, la rumeur vite propagée, tout cela est venu les chercher et les a rassemblés sur les terre-pleins de la place, devant cette bonne vieille chose qui brûle.

Et c’est bien la Chose que tous ces gens pleurent, ce pendant que s’effondrent les plafonds et les lustres, pêle-mêle avec les souvenirs et l’Histoire. Car la catastrophe menace d’être purement littéraire, et l’on s’apitoie sur des bustes, sur des tableaux, sur la statue de Voltaire par Houdon,