Page:Leroux - Une histoire épouvantable, paru dans l'Excelsior du 29 janvier au 3 février 1911.djvu/32

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furent sauvés, un mois seulement plus tard, par une tartane chinoise qui les déposa aux rives du Yang-Tsé-Kiang où ils se dispersèrent, l’épouvantable était que ces gens avaient gardé le goût de la chair humaine ! et que, revenus en Europe, ils avaient décidé de se réunir une fois l’an, pour renouveler, autant que possible, leur abominable festin ! Ah ! messieurs, je ne fus pas longtemps à comprendre cela !… D’abord, il y eut l’accueil peu enthousiaste fait à certains plats que Mme Gérard apportait elle-même sur la table. Bien qu’elle osât prétendre, du reste assez timidement, que c’était à peu près ça, les convives se trouvèrent d’accord pour ne l’en point féliciter. Seules, les tranches de thon grillées furent acceptées sans trop grande défaveur, parce qu’elles étaient, selon l’expression terrible du docteur, « bien sectionnées » et que « si le goût n’était point complètement satisfait, l’œil au moins était trompé »… Mais le tronc à bésicles eut un succès général en déclarant que « ça ne valait pas le couvreur » !

» En entendant cela, je sentis que mon sang se retirait de mon cœur, gronda sourdement le capitaine Michel, car je me rappelais que l’année précédente, à