Page:Leroy-Beaulieu, Essai sur la répartition des richesses, 1881.djvu/110

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« Dans le Nord, la betterave réussit moins bien et la proportion du sucre diminue chaque année.

« Le colza disparaît devant les ravages de l’altise et la concurrence de l’huile de pétrole et de ses dérivés.

« Les plantations de mûriers sont arrachées, car le ver à soie a meurt avant de pouvoir utiliser ses feuilles.

« Les pommes de terre ne donnent plus les produits d’autrefois. Le Rotrytis infestans rend leur culture impossible dans les terres fortes ou humides ; et voilà qu’un nouveau fléau, le doriphora, est signalé à l’horizon[1]. »

Si Ricardo revenait dans ce monde, pourrait-il, en présence de tous ces maux qui frappent l’agriculture des vieilles sociétés, soutenir que le propriétaire foncier est un être privilégié, le favori de la civilisation, qui voit ses bénéfices croître sans cesse, sans travail, et qui prélève la meilleure part sur les produits des progrès sociaux ?

De l’étude que nous avons faite de la doctrine de Ricardo il résulte qu’elle contient une parcelle de vérité théorique, très curieuse au point de vue scientifique, mais dépourvue actuellement de toute portée pratique.

  1. Nous extrayons ces lignes d’un petit almanach rural très bien fait : l’Almanach du colon limousin par le docteur Albert Le Play, année 1880, p. 41.
    Même pour toutes ces productions raffinées, le privilège de situation diminue chaque jour ; ainsi les maraîchers des environs de Paris ont à subir la concurrence des maraîchers de la Normandie, de la vallée du Rhône et même de l’Algérie. Les propriétaires de vignes d’Argenteuil et de Suresnes ont eu à souffrir de la concurrence des vins de l’Hérault. Le progrès des voies de communication est toujours le grand niveleur.