Page:Leroy-Beaulieu, Essai sur la répartition des richesses, 1881.djvu/201

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l’on va établir des voies nouvelles qu’il serait profitable de procéder de la sorte.

Une autre mesure encore qui pourrait être prise par les municipalités ou par l’État, ce serait de taxer les terrains des villes d’après leur valeur réelle ou du moins d’après une estimation approchant de leur valeur réelle. On empêcherait ainsi l’accaparement dans les mains des spéculateurs et la soustraction des terrains à la construction. Un terrain valant 1,000 francs le mètre devrait payer l’impôt sur un revenu de 30 ou 40 francs.

Ce que l’on peut surtout demander aux municipalités et à l’État, c’est de ne pas contribuer par leurs agissements à la hausse des loyers ; or, il est facile de prouver que cette hausse est en grande partie leur fait.

L’élévation des loyers est sensible dans la plupart des villes. Elle a des causes naturelles, d’autres qui peuvent être artificielles ; des causes physiques et des causes morales. Les circonstances qui en général la déterminent sont les suivantes d’abord, le privilège de situation des terrains et des maisons du centre semble aller sans cesse en croissant plus une ville s’étend ; nous montrerons tout à l’heure que cette tendance peut être compensée par des tendances opposées ; quoi qu’il en soit, pour les maisons du centre il n’y a aucun rapport entre le loyer et le coût de construction de la maison, ces immeubles ayant un véritable monopole de situation qu’on ne peut réduire que par les procédés que nous indiquerons plus loin. Une seconde circonstance qui peut contribuer à la hausse constante des loyers, c’est que la main-d’œuvre pour la construction de maisons nouvelles peut être plus considérable mieux rétribuée que ne l’avait été la main-d’œuvre pour la construction des maisons anciennes ; or, la hausse des salaires renchérit non seulement les immeubles nouveaux, mais encore tous les immeubles anciens qui ont été édifiés, cependant, avec des tarifs plus bas. C’est ainsi que les dernières grèves des corps d’état du bâtiment ont fait élever, affirme-t-on, de 25 p. 100 le prix du mètre de construction à Paris qui, par d’autres causes, avait déjà renchéri. Tous les immeubles, non seulement les nou-