Page:Leroy-Beaulieu, Essai sur la répartition des richesses, 1881.djvu/234

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fonctionne régulièrement et avec zèle ; malheureusement les moyens dont elle disposait étaient, à l’origine, très-restreints. De 1871 à 1876 elle a visité à Paris 50,000 maisons ; or il s’en trouve 75,000 dans notre capitale ; il est vrai qu’un grand nombre, étant destinées la classe riche, n’ont guère besoin d’être inspectées ; beaucoup d’autres, au contraire, devraient être l’objet de visites fréquentes, se renouvelant à chaque intervalle de quelques années. De 1871 à 1876 on n’a point prescrit moins de 15,000 mesures d’assainissement ; on a déterminé aussi le volume d’air minimum que doit contenir chaque chambre relativement au nombre des personnes qui y couchent ; on l’a fixé à 14 mètres cubes par tête. Ce n’est qu’à la longue, par l’exemple, par une habitude invétérée, par la disparition des maisons les plus anciennes, par le complément des égouts, que toutes ces prescriptions peuvent devenir efficaces. Un jour, quand les concessions d’eaux et de gaz à des compagnies particulières seront expirées, ce qui arrivera dans un quart de siècle ou un demi-siècle, on pourra encore, en perfectionnant la canalisation et en abaissant le prix de ces deux articles dans des proportions considérables,contribuer davantage à l’amélioration de la demeure de l’ouvrier[1]. Tous les progrès de l’industrie et de la science, on peut dire aussi tous les progrès de la finance, c’est-à-dire de l’art de manier les capitaux, tendent à diminuer l’écart entre les conditions humaines bien loin que le paupérisme en soit le fruit, il se trouve peu à peu éliminé par ces influences diverses.

Parmi les œuvres qui peuvent encore rendre des services on doit citer les asiles de nuit, qui sont destinés à fournir un abri passager aux personnes momentanément sans gîte. La charité privée commence à édifier de pareils refuges peut-être est-il sage de lui abandonner ce soin. Si l’État ou les villes s’en mêlaient, il serait à craindre que, multipliant outre mesure ces ins-

  1. Ces remarques n’impliquent pas que nous engagions les villes à exploiter elles-mêmes l’industrie du gaz et des eaux, ce qui se fait, il est vrai, dans beaucoup de cités anglaises, belges ou allemandes. Nous préférons le système de la régie cointéressée. Déjà, en 1880, la ville de Paris et la Compagnie des Eaux ont révisé les tarifs d’une manière très favorable aux petits ménages.