Page:Leroy-Beaulieu, Essai sur la répartition des richesses, 1881.djvu/392

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hausser ; cette proposition serait inexacte ou incomplète, car la force productive peut progresser beaucoup plus rapidement que l’accumulation des capitaux matériels. La vraie formule est la suivante : plus la production augmente relativement à la population, plus il y a de chances pour que les salaires s’élèvent. Les salaires suivent, en partie du moins, quand aucune cause artificielle ne s’y oppose, la marche ascendante ou descendante de la productivité du travail de l’ouvrier.

Ce n’est pas tout encore : la répartition des produits entre les différents facteurs de la production, entre le propriétaire, le capitaliste, l’entrepreneur et l’ouvrier, ne se fait pas toujours dans les mêmes proportions : celles-ci peuvent considérablement varier, si bien que la quote-part relative du capital, ou de la propriété, ou de l’esprit d’entreprise dans le produit auquel ils ont coopéré devienne moindre et que la quote-part relative du travail s’accroisse au contraire. Dans le libre contrat qui constitue le salaire, certaines circonstances peuvent faire que la situation de l’une des parties devienne plus forte et qu’elle puisse stipuler avec plus d’avantages qu’auparavant. Ces circonstances, nous les étudierons tout à l’heure : en ce moment nous en faisons connaître seulement l’existence.

Trois catégories de causes agissent donc sur le salaire : en premier lieu le rapport des capitaux matériels à la population ; en second lieu, l’accroissement de productivité du travail de l’ouvrier, par suite des connaissances techniques, des meilleures méthodes, des procédés perfectionnés, d’une division plus grande ou d’une organisation supérieure des tâches ; enfin, l’avantage que les lois, les mœurs peuvent donner à l’une des parties contractantes, tantôt aux patrons, tantôt aux ouvriers.

Ces prémisses une fois posées, il est facile de juger grosso modo de l’influence de la civilisation sur le taux des salaires.

Sous le premier rapport, la civilisation multiplie les capitaux. L’outillage de l’humanité devient chaque jour plus considérable ; le nombre des machines, la quantité des approvisionnements, celle des édifices, des mines, des ateliers, plus ou moins