Page:Leroy-Beaulieu, Essai sur la répartition des richesses, 1881.djvu/60

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d’eau, s’il est propriétaire de son baril et de ses seaux, est à la fois capitaliste, entrepreneur d’industrie et ouvrier dans le gain qu’il fait on doit distinguer l’intérêt du capital, le profit de l’entrepreneur et le salaire de la main-d’œuvre. Le petit propriétaire qui fait valoir son champ réunit en sa personne les quatre catégories de propriétaire foncier, de capitaliste possédant les instruments agricoles et les avances nécessaires à la culture, d’entrepreneur d’industrie et d’ouvrier enfin. Quoique ces réunions de plusieurs qualités en une même personne soient fréquentes, il n’en est pas moins nécessaire, pour la précision de l’analyse, de distinguer toujours par la pensée les quatre classes de copartageants, et de rechercher quelle est l’influence de la civilisation sur le bien-être, non seulement absolu, mais relatif, de chacune d’elles. Tel est l’objet de ce livre.

La première catégorie de copartageants qui se présente à notre étude, c’est celle des propriétaires fonciers. Il est impossible de se rendre compte de l’influence qu’exerce la civilisation sur le sort des propriétaires, si d’abord nous n’avons résolu quelques questions que soulève la propriété foncière elle-même.

C’est un problème très-complexe, très-discuté, éternellement discutable que celui de la propriété foncière privée, de ses origines, de ses droits et de ses limites. Ne reculons pas devant un examen rapide des difficultés qui s’y rattachent. Quatre ordres de recherches se présentent successivement à l’esprit. Les voici :

1° Quelle est la légitimité de la propriété foncière, individuelle, absolue, perpétuelle, de la propriété quiritaire, du dominium absolutum, comme l’ont appelée certains critiques récents, épris de la propriété collective, communale ou familiale ?

2° Quels sont les caractères du revenu foncier ? Représente-t-il simplement, comme le veut Bastiat, le travail du propriétaire actuel et de ses prédécesseurs ou bien, au contraire, comme l’affirment le célèbre économiste anglais Ricardo et à