Page:Leroy-Beaulieu, Essai sur la répartition des richesses, 1881.djvu/92

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peu nombreuse et que le territoire est vaste, l’homme, avare de sa peine, commence par défricher les meilleures terres, celles qui sont naturellement les plus fertiles. Alors il n’y a pas de rente du sol chaque propriétaire doit cultiver loi-même, ou il ne peut céder son domaine que moyennant un prix qui représente exactement l’intérêt et l’amortissement des capitaux utilement employés mettre la terne en culture. Si le propriétaire voulait exiger davantage, l’autre partie aurait plus de profit à aller défricher une terre voisine puisque dans cet état de société la terre vacante ne manque pas.

Peu à peu, quand la population devient plus dense et que les subsistances récoltées sur les terres de la première classe ne suffisent plus au nombre des habitants, on se met à défricher les terres de qualité inférieure, les seules qui soient demeurées vacantes ou incultes. Le coût de production du blé est nécessairement plus élevé sur ces dernières ; il doit par conséquent se vendre un plus haut prix mais comme tout le blé qui se vend à un marché ne peut y avoir qu’un même prix[1] pour la même qualité, il en résulte que les terres les meilleures, les plus anciennement mises en culture, tirent un bénéfice de cette élévation du prix de revient d’une partie de l’approvisionnement de blé devenu nécessaire à la population accrue alors naît la rente de la terre ou le fermage, dans le sens scientifique du mot. Le propriétaire des terres les meilleures, les plus anciennement mises en culture, peut louer sa terre non seulement pour une somme représentant l’intérêt et l’amortissement des capitaux qu’il y a engagés, mais encore pour une autre somme qui représente la supériorité naturelle de fertilité de sa terre relativement aux autres terres en culture.

Le même résultat peut se produire d’une autre façon encore. Quand toute la terne est depuis quelque temps déjà occupée et

  1. Nous ne tenons pas compte évidemment des légères fluctuations qui peuvent sa produire dans le courant du marché. Ce qui est certain c’est que sur un marché donné tous tes hectolitres de blé de qualité analogue quelles que soient les différences de prix de revient de chacun d’eux, doivent, au même moment, avoir le même prix.