Page:Leroy-Beaulieu, Essai sur la répartition des richesses, 1881.djvu/257

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l’Angleterre, les villes maritimes espagnoles et les principales places commerciales d’Allemagne.

Le taux de l’intérêt dans les temps modernes s’est considérablement relevé à deux reprises mais la durée de ces périodes de relèvement a toujours été assez courte, ce qui témoigne que les causes de ce phénomène sont de celles qui n’agissent que par accident et passagèrement. Ces deux périodes sont celles de 1790 à 1820 et de 1848 à 1866.

D’où viennent ces interruptions dans la baisse du taux de l’intérêt ou même ces réactions violentes que l’on a ainsi constatées deux fois dans des temps assez rapprochés ? Aux trois causes qui déterminent la tendance à la baisse du taux de l’intérêt on peut opposer trois autres causes qui, d’une manière beaucoup moins continue, mais souvent avec une brusque et irrésistible énergie, agissent en sens opposé et tendent à faire hausser le taux de l’intérêt. De ces trois causes, l’une doit être considérée comme heureuse et profitable à la civilisation la seconde, comme indifférente la troisième, comme tout à fait nuisible.

La cause profitable, heureuse pour la civilisation, c’est la découverte de nouveaux emplois très productifs pour les capitaux. Un relèvement du taux de l’intérêt, quand il n’a que cette origine, est essentiellement bienfaisant ; c’est ce que Turgot n’a pas pressenti. Notre génération qui a assisté à un phénomène de ce genre, phénomène peut-être unique dans l’histoire de l’humanité, ne peut oublier que parfois la hausse du taux de l’intérêt est un grand bien. C’est ce qui est arrivé de 1843 à 1867 ou 1868 la transformation de l’industrie par l’application des procédés mécaniques, la création de voies de communication plus rapides et moins chères, notamment des voies ferrées, les entreprises de gaz, d’eau, de transports urbains, ont causé, de 1845 à 1867 ou si l’on veut à 1873, une énorme consommation de capitaux beaucoup de capitaux circulants se sont alors transformés en capitaux fixes ; l’épargne à peine née était immédiatement sollicitée de toutes parts et absorbée par les emplois les plus rémunérateurs.

Si le taux de l’intérêt a haussé à cette époque — il n’a jamais