Page:Leroy-Beaulieu, Les citations de M. Jaurès, 1897.djvu/12

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seront achetées par des cultivateurs professionnels ou tout au moins par des bourgeois du bourg ou de la petite ville voisine qui sauront s’occuper activement de leur propriété alors même qu’ils la loueraient.

Nous reprenons ici les citations de notre Traité d’Économie politique sur le faire-valoir direct et le fermage : « La terre tend à devenir de plus en plus un instrument qui rend en proportion de l’habileté et des soins de celui qui le manie. — Le fermage, pour porter tous ses fruits, doit s’exercer autant que possible, par des cultivateurs instruits et aisés, et concerner en général des exploitations d’une certaine importance. Il doit aussi comporter une coopération harmonique et cordiale du propriétaire et du fermier. — Le propriétaire, même sous le régime du fermage, a une fonction importante à remplir ; s’il ne s’en acquitte pas, il est rare que le domaine ne finisse pas par décliner. — La situation du propriétaire d’un bien même affermé est loin d’être une sinécure. »

Tous ces passages sont en italiques, comme résumant notre doctrine, dans notre Traité d’Économie politique. Nous avons creusé plus profondément cette question du fermage, et voici l’une des solutions qui rentrent dans notre système de modification, graduelle bien entendu, des cadres de l’exploitation agricole : « On peut se demander, écrivons-nous dans notre Traité d’Économie politique, s’il n’y a pas quelque difficulté à concilier les locations à très long terme qui sont désirables et la fixation du fermage en argent avec les variations plus fréquentes et plus imprévues que jamais du prix des denrées… Il suffit de stipuler dans le bail une échelle mobile du fermage en argent suivant les prix moyens qu’atteindront, chaque année, tels et tels produits qui forment la base de chaque exploitation… Le fermier serait dégagé, en grande partie, de l’aléa, parfois énorme, que les oscillations de prix impossibles à prévoir, lui imposent dans les baux à long terme[1]. »

  1. Traité d’Économie politique, II, pages 28 et 29.